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La victoire très nette remportée par Donald Trump le 5 novembre lui laisse les mains libres pour mettre en place l’essentiel de son programme économique. Tout au long de la campagne, Trump a en effet martelé son souhait de renforcer massivement le virage protectionniste entamé lors de son premier mandat. Sa réélection fait désormais resurgir le spectre d’une guerre commerciale d’ampleur inédite.
Au fil des meetings, le candidat Trump a dessiné les contours de son protectionnisme agressif : droits de douane de 10 % à 20 % sur l’ensemble des importations, 60 % sur les produits chinois, et jusqu’à 100 % sur les véhicules importés. Un cocktail explosif qui pourrait déstabiliser profondément le commerce international.
Cette escalade s’inscrit dans le temps long. Nombre d’analystes, notamment en Europe, avaient espéré que l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche en 2020 marquerait un retour américain vers une politique de libre-échange plus traditionnelle. Il n’en avait rien été : l’administration démocrate a maintenu l’essentiel des augmentations de tarifs douaniers mises en place par la première administration Trump. Pour ce qui concerne la Chine, elle les a même renforcés – notamment sur les importations de technologies vertes. Les droits portés à 100 % sur les importations de véhicules électriques chinois n’en sont que l’exemple le plus visible, et constituent une illustration supplémentaire du consensus bipartisan qui sous-tend la lutte commerciale sans merci menée par les Etats-Unis contre la Chine.
Il ne faudrait pas pour autant minimiser l’ampleur des propositions de Trump. En particulier, son projet de « tarif universel » de 10 % à 20 % sur l’ensemble des produits importés, quelle qu’en soit la provenance, est sans précédent dans l’histoire récente des Etats-Unis ; et incarne sans doute la principale différence avec le protectionnisme beaucoup plus ciblé de ses prédécesseurs démocrates. L’administration Biden avait par exemple mis en avant la notion de friend-shoring (« commerce entre pays amis »), où les filières d’approvisionnement devaient se reconstituer au sein des seuls alliés des Etats-Unis. Trump, lui, ne voit dans le commerce international qu’un jeu à somme nulle : America First (« l’Amérique d’abord »), même au prix des partenaires asiatiques ou européens. Comme il le rappelait il y a quelques jours seulement [dans une interview sur le podcast de Joe Rogan notamment], dans son esprit, Taïwan a « volé l’industrie des semi-conducteurs aux Etats-Unis » et « l’Europe devra payer » pour les excédents commerciaux qu’elle accumule depuis des années avec l’Amérique.
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